mercredi 11 janvier 2012

Heil Orban...suite mais pas fin!

Suite à mon article d'il y a quelques jours à propos de la scandaleuse dérive anti-démocratique hongroise, je tiens à relayer ce très bon texte d'un intellectuel hongrois, Professeur à l'UCL. Texte qui résume mieux que je ne pourrais le faire, la triste déchéance d'un "Etat membre" de l'Union européenne...


"On n’en croit pas ses yeux : la nouvelle Constitution hongroise, entrée en vigueur le 1er janvier dernier, ne s’appelle pas " Constitution " ou " Loi fondamentale ". Elle s’intitule : " Profession de foi nationale ", et met en exergue le premier vers de l’hymne national hongrois, qui est en fait, dans son entier, une prière : " Dieu, bénis l’homme hongrois ".
Dans une Hongrie en pleine déliquescence économique, une Hongrie où les retraités sont condamnés à végéter, où les jeunes sont privés d’avenir, où la classe moyenne est surendettée et où les pauvres sont criminalisés (fouiller dans les poubelles est devenu un délit !), l’intitulé de la Constitution devrait être le moindre de nos soucis. Un détail sans importance. Mais ça ne l’est pas. Comme ne l’est pas le retrait de la concession à la radio d’opposition Klubradio. Comme ne l’est pas la nomination au 1er février prochain à la direction du Nouveau Théâtre de György [Georges] Dörner, un antisémite notoire, membre affiché de Jobbik, le parti d’extrême-droite, et qui se désigne lui-même comme " national-radical ". Comme ne l’est pas non plus la mise au pas des médias nationaux, pour qui la manifestation du 2 janvier dernier n’a même pas existé. Comme ne l’est pas la modification de la loi électorale, qui de fait assure à Orban le pouvoir d’un parti unique. Comme ne l’est pas non plus l’interdiction désormais constitutionnalisée du mariage homosexuel. Comme ne l’est pas la limitation du droit à l’avortement ou celle de la liberté religieuse, ni l’hallucinante mise au garde-à-vous des juges du pays.
Confondre démocratie et nationalisme
Dans le contexte de la Hongrie d’Orban, rien de tout cela n’est un détail, parce que tout va dans le même sens. Mais ce sens n’est pas simplement l’autoritarisme d’un homme, comme on le lit trop souvent. Cet autoritarisme est le symptôme d’un phénomène bien plus profond, et jamais vraiment élucidé dans la Hongrie contemporaine. Ce phénomène, c’est la confusion de la démocratie et du nationalisme. Quels que soient les déboires du pouvoir actuel, ce pouvoir est considéré par la population avant tout comme hongrois, c'est-à-dire non imposé par l’étranger comme le fut celui de Moscou. Cela est décisif aux yeux des électeurs du Fidesz, le parti d’Orban. Pour sa majorité silencieuse, il est bien plus important de défendre la Hongrie que la démocratie. Les droits individuels, les droits des minorités, l’indépendance de la justice ou la liberté de la presse, tout cela est secondaire au regard de l’affirmation hongroise de soi. Le discours des droits est, d’une manière générale, bien trop abstrait pour une population sans vraie culture politique. La démocratie, cela veut bien plutôt dire, par exemple, délivrer un passeport hongrois à tout Hongrois de Slovaquie qui se déclare Hongrois.
Dans un pays où l’on chante, les yeux toujours embués, l’hymne national à la moindre inauguration de stand de légumes (et plutôt deux fois qu’une : avant, et après), la nation est le seul vrai référent politique. Ce qui veut dire que la nation étouffe la politique. Le symbole le plus patent en est le changement de nom du pays : non plus République de Hongrie, mais Hongrie tout court. Cela pourrait être à nouveau un détail sans importance. C’est manifestement ce que pense d’ailleurs le porte-parole du gouvernement, qui balaye toutes les interrogations d’un revers de main : " La Hongrie s’est toujours appelée Hongrie. Quant aux documents officiels, pièces de monnaie et tout ce qui comporte la mention que la Hongrie est une République, on les change dès qu’ils sont usés, qu’ils sont caducs ". Il se garde bien toutefois de désigner le régime qui succédera à la défunte République. On notera tout de même en passant que depuis le 1er janvier, la Hongrie est la seule non-République du monde qui garde à sa tête… un président de la République. Il est vrai que celui-ci, le servile Pal Schmitt, est une potiche qui pourrait tout aussi bien ne pas être. Lui est un détail, un vrai.
Ce qui compte donc, ce n’est plus la forme politique de l’État hongrois, mais la hongritude. Ce qui permet un clin d’œil irrédentiste appuyé aux minorités hongroises de Slovaquie, de Roumanie, d’Ukraine. De même, l’électorat de base du Fidesz n’aime pas les Roms, alors pourquoi assurer des droits démocratiques aux minorités ? La majorité silencieuse est sourdement convaincue que la presse est aux mains des Juifs ; alors pourquoi s’insurger contre la réforme des médias ? Pourquoi s’insurger contre la mise au pas de la justice, alors que celle-ci n’a jamais été indépendante ? L’acquiescement de la majorité procède toujours de la même logique : une bonne petite dictature hongroise vaudra toujours mieux que n’importe quel libéralisme cosmopolite.
Parlez de bien commun, on vous rira au nez
Ce faisant, la population (et pas seulement Orban !) a de fait tourné le dos à l’Union Européenne. Mais le nationalisme n’est pas la seule explication. L’incapacité du pays à se réformer depuis vingt ans, c'est-à-dire depuis le changement de régime, a durablement sapé la confiance de la population en ses institutions. Le Parlement a montré la voie, en réformant plus de soixante fois le droit social du pays depuis 1990, sans qu’aucune des mesures édictées n’entre en vigueur. Dans des institutions de proximité, comme les hôpitaux et le système de santé en général, les gens ne rencontrent que corruption et inefficacité. La justice est poussive. Du coup, chacun essaie de tirer son épingle du jeu, de se soustraire à toute règle contraignante et de se débrouiller comme il peut. Parlez de bien commun, on vous rira au nez. La seule règle qui vaille est : " Sauve qui peut ".
Certes, le 2 janvier dernier, lors de la manifestation qui a réuni quelques dizaines de milliers de personnes, le voile s’est quelque peu déchiré. Les manifestants ont essayé de faire entendre à Orban et à sa pitoyable clique – claquemurés pendant ce temps à l’opéra, où ils célébraient entre eux une Constitution " grandiose " – que la nation ne remplaçait pas le bien commun, que le peuple, ce n’est pas les électeurs du Fidesz, et qu’une Constitution n’est pas une profession de foi. Il faut qu’Orban disparaisse, c’est sûr, que sa morgue et sa vulgarité ne soient qu’un souvenir. Mais pour mettre qui à sa place ? La Hongrie a besoin de quelqu’un qu’elle n’a pas : d’un homme ou une femme politique intègre, non seulement sachant ce qu’est le bien commun, ce qui est déjà difficile, mais sachant faire comprendre à la population pourquoi le bien commun est important, ce qui l’est encore plus. Quelqu’un qui lui fasse comprendre par exemple qu’une Constitution n’est pas là pour refléter la voix de la majorité, mais pour régler équitablement le pluralisme. Or, ceci est une tâche d’éducation démocratique à laquelle personne en Hongrie n’a été préparé. C’est pourquoi son avenir est désespérément sombre."

Mark Hunyadi, professeur de philosophie à l’Université catholique de Louvain



Une conclusion très pessimiste, trop pessimiste peut-être... N'y a-t-il vraiment plus une voix hongroise pour crier la rage des démocrates? Je ne puis y croire!


A suivre...

mardi 10 janvier 2012

Saint Gilles...

Eh voilà! un nouveau décor pour mon blog et une photo pour que vous sachiez qui s'adresse à vous et à qui vous vous adressez. Le décor n'est à priori pas facile à reconnaître sauf pour les Saint gillois, ceux et celles de ma commune auront reconnu le Parvis... Une très belle photo de mon ami Bart, le patron de la Brasserie de l'Union sise sur ce même Parvis. Un "bistrotier" très à part, un photographe autodidacte de talent et un homme de grande qualité.
Pourquoi ces changements? Eh bien, nous voici à quelques mois des élections communales, le 14 octobre 2012, et il nous reste peu de temps pour expliquer et convaincre...
Expliquer quoi? Ben, "tout" ce qui a été fait par l'équipe sortante emmenée par les mandataires de la Liste du Bourgmestre Charles Picqué et ce "tout", c'est énormément de choses! Toutes ces choses qui font de Saint Gilles une commune particulièrement appréciée et de plus en plus courue pour ses qualités de convivialité, de solidarité, de mixité sociale et culturelle,...
Certes, il reste des problèmes à régler, des politiques a peaufiner , des gens à aider, des jeunes à éduquer, des citoyens à héberger, des rues à nettoyer, quelques quartiers à rénover, quelques lieux à mieux protéger etc... Mais quel plaisir de vivre dans ce village urbain, quel bonheur de prendre un verre dans ces multiples bistrots et restos colorés, de faire ses emplettes sur des marchés si différemment achalandés, de promener son chien en compagnie d'un "vieux" militant communiste espagnol, ...
Saint Gilles est aujourd'hui ce que les femmes et les hommes de Charles en ont fait au cours des trois dernières décennies et je suis très fier de faire partie de ceux-là!
Oh, bien sûr, certains "jeunots" fraîchement débarqués, vertement impertinents, veulent nous faire passer pour une bande de vieux ringards mais qu'ils y prennent garde, nous avons toujours la foi! Celle qui a fait et fera encore déplacer les montagnes, celle qui, par son enthousiasme intact poursuivra le long travail entamé. Celle qui, par sa solidarité profondément encrée, tissera encore et encore les liens qui font qu'à Saint Gilles, que l'on soit pauvre ou "Bobo", que l'on soit né ici ou ailleurs, que l'on soit Il ou Elle, que l'on soit jeune ou âgé, l'on sait qu'il y a toujours une réponse à ces questions que l'on peut se poser chaque jour dans un quotidien que la crise et les difficultés qu'elle entraîne peuvent détériorer.
Convaincre qui? Toutes et tous qu'il est important de participer à ces prochaines élections. Elles détermineront l'avenir de notre commune et de celles et ceux qui y vivent. Parmi eux, un tiers d'européens non Belges qu'il faut prioritairement inviter à s'inscrire sur les listes électorales pour qu'ils puissent participer eux aussi à son essor et parce qu'il ne serait pas démocratique de gouverner sans leurs avis et leurs sensibilités!
Alors, voilà pourquoi j'ai décidé en ce mois de janvier, de personnaliser, de localiser mon Blog. J'y relaterai les petits et grands évènements qui émaillerons cette campagne électorale qui s'annonce et dans laquelle je compte bien m'impliquer avec toute ma conviction, avec toutes mes forces, avec tous mes camarades.
Plus de Saint Gilles ne m'empêchera pas de continuer, par ailleurs, à commenter, à ma manière, l'actualité en général, régionale mais aussi européenne.
Bonne fin de journée.

jeudi 5 janvier 2012

Heil Orban!


Souvenez-vous, fin des années trente en Allemagne. L'avènement scandaleux d’Adolphe Hitler et de ses partisans... L'accession pseudo démocratique des Nationalistes du parti Nazi, soutenus par le grand capital , la finance et l'industrie internationale (Henri Ford par exemple...) et confortés par le silence assourdissant des états voisins!
Regardez ce qui se passe aujourd'hui en Hongrie. Un Etat membre de l'Union européenne! Une nouvelle Constitution  se référant au Dieu des chrétiens, excluant dès lors tous ceux qui ne sont pas de cette Eglise ainsi que les laïques, un Parlement réduit d'un tiers et qui ne sera plus qu'une chambre d’entérinement des décisions d'un Gouvernement doté de tous les pouvoirs, la Justice ainsi que la Banque centrale mise sous tutelle, un redécoupage des circonscriptions électorales fait sur mesure pour le parti au pouvoir et empêchant à tout jamais aux minorités nationales, nombreuses en Hongrie, d'être représentées au parlement, l'emprisonnement des SDF, la persécution des Roms et, cerise sur le gâteau, le muselage de la presse libre et indépendante!
Comment est-ce possible?
Face à cela, ce même silence assourdissant! 
Quelques menaces du FMI et de la Commission européenne visant à retarder la liquidation de subventions importantes...
Mais, en tout cas, pas de réactions officielles des Institutions européennes, pas de réactions des autres Etats membres, notamment de la Belgique, pas de condamnation internationale. Seule, l'indignation farouche des démocrates encore peu relayée et les commentaires de la presse.
Pourtant, l'Union européenne dispose des moyens nécessaires pour réagir! Le traité, en son article 2 précise que l'Union est fondée sur les valeurs de respect de la dignité humaine, de liberté, de démocratie, d'égalité, de l'État de droit, ainsi que de respect des droits de l'homme, y compris des droits des personnes
appartenant à des minorités. Ces valeurs sont communes aux États membres dans une société
caractérisée par le pluralisme, la non-discrimination, la tolérance, la justice, la solidarité et l'égalité entre
les femmes et les hommes.
Plus loin dans le Traité, notre Constitution européenne, l'article 7 précise que le respect de ces principes est une condition d'appartenance à l'Union, et l’article 7 du traité sur l’Union européenne ainsi que l’article 354 du traité sur le fonctionnement de l’UE donnent aux institutions les moyens de garantir le respect de ces valeurs par tous les États membres. L’article 7 met ainsi en place un mécanisme de prévention, en cas de risque d’une violation de ces valeurs communes par un État membre, et un mécanisme de sanction en cas de violation de ces valeurs.
Alors, qu'attend-on pour réagir, pour condamner, pour sanctionner, pour empêcher que nos valeurs démocratiques communes ne soient bafouées par une bande de populistes dangereux?
Il y a quelques années, souvenez-vous, des sanctions avaient été prises, notamment suite à l'action de notre ex-Ministre des relations extérieures, Louis Michel, à l'encontre du Fasciste Hayder en Autriche, sanctions qui l'ont empêché d'accéder à la Chancellerie de son Pays. Rien de tel à l'horizon en ce qui concerne le Premier ministre hongrois, le sinistre Orban!
Notre actuel Ministre des relations extérieures, Didier Reynders, s'occupe quant à lui du bilinguisme de ses collègues...
Le Parlement européen et tous nos Parlements reprennent leurs travaux la semaine prochaine, augurons que cette intolérable situation fera l'objet d'une condamnation sans ambiguïté de nos assemblées.
Je déposerai une proposition de résolution à cet effet au Parlement bruxellois ainsi qu'à celui de la Fédération Wallonie Bruxelles.
Certes, ce n'est pas cela qui changera la face de la Hongrie mais je pense que cela peut y contribuer!
Bonne rentrée à toutes et tous.